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jeudi 31 janvier 2019

Le Secret de Sinharat, par Leigh Brackett




          Le Secret de Sinharat est un court roman de Leigh Brackett. Il a été publié pour la première fois en 1949, dans le magazine Planet Stories, sous le titre de Queen of the Martian Catacombs. Il a ensuite été réécrit et modifié pour être à nouveau publié, sous son titre actuel, en 1964. Il a été traduit en français par Pascale Aubignan, illustré par Philippe Caza et, plus tard, par Wojtek Siudmak. Comme souvent dans ce genre de bouquin, l’illustration n’a pas grand-chose à voir avec le texte.



          L’intrigue se déroule sur la planète Mars. Elle met en scène le grand, le beau, le fort Eric John Stark, personnage créé par Leigh Brackett, que l’on retrouve dans toute une série de pulps des années 40 et 50. Ce héros a influencé nombre d’écrivain·es, parmi lesquel·les on compte le célèbre Michael Moorcock. 

          La quatrième de couverture nous promet les aventures d’un agent de la police terrienne, infiltré parmi des chefs barbares qui s'apprêtent à entrer en guerre. Mais le héros va découvrir que leurs motivations ne sont pas aussi désintéressées qu’on aurait pu l’espérer.
           Le récit est bien écrit. Le début est un peu long et tout s'accélère en seconde partie, comme bien souvent dans ce genre de romans. Bien que l'histoire se déroule sur Mars, on se balade tranquillement dans son atmosphère (composée, rappelons-le, à 96% de gaz carbonique), sans masque, sans respirateur et sans scaphandre. Le récit est très orientalisant, mais beaucoup moins profond qu’un Dune, par exemple, qui allait sortir un an plus tard.

Planet Stories (image du Domaine Public)


          À vrai dire, je n'ai pas aimé ce livre. Il est classé en science-fiction, mais mis à part le lieu, il n'a rien d'un livre de SF. Dans sa réédition, il a été classé en Fantasy, ce qui lui convient beaucoup mieux. Comme j'aime la SF « dure » et les space opera intergalactiques avec des vaisseaux énormes, et intelligents, des univers dystopiques oppressants ou des corporations qui s'entredéchirent dans des univers post-apocalyptique, je suis forcément restée sur ma faim. Mais le roman plaira à tous les fans de « barbare(s) à la haute taille » et de « héros à épaules carrées ».


Court extrait

          « Stark la vit se profiler dans le ciel matinal, cité de marbre couronnant un îlot de corail que la mer avait découvert en se retirant. L’île de corail se dressait, massive, dans la clarté crue du soleil. Des diaprures d’un incarnat et d’un blanc intenses, d’un rose délicat, en striaient merveilleusement les falaises nues et, de ce gracieux piédestal jaillissaient des murs et des tours marmoréens aux teintes innombrables si parfaitement travaillés et si finement sculptés par le temps qu’il était difficile de dire où commençait et où finissait le travail des hommes. Sinharat, la Vivante-à-Jamais. »


Leigh Brackett (image du Domaine Public)

La notice de l'autrice

          Leigh Brackett est née en Californie en 1915, et décédée en 1978, à l'âge de 63 ans. Elle figure parmi les écrivain·es majeur·es de son temps, même si on l’a surnommée « La Reine du space opera », expression qui, à l’époque, relevait plus de l’insulte que de l’éloge. La science-fiction n’était déjà pas très bien vue, alors que dire du space opera, un sous-genre de très mauvaise réputation ! Première femme nommée pour le prix Hugo en 1956, pour Le Recommencement, Leigh Brackett a écrit plusieurs romans de science-fiction, plusieurs cycles de fantasy, de nombreuses nouvelles et même quelques romans policiers. C’est d'ailleurs grâce à l’un d’entre eux, No Good Time for a Corpse (1944, non traduit en français) qu’elle attire l’attention de Howard Hawks. Le réalisateur est tellement impressionné par ce roman qu’il souhaite à tout prix travailler avec… « cet auteur ». Le fait que cet auteur soit une autrice ne semble cependant pas l’avoir rebuté, puisque Leigh Brackett participe par la suite à l’écriture de plusieurs très grands classiques, tels que Le Grand Sommeil aux côtés, entre autres, de William Faulkner, Rio Bravo, Hatari !, El Dorado, et Rio Lobo. C’est également elle qui écrit le scénario du film Le Privé, de Robert Altman, en 1973, d’après un roman de Raymond Chandler. 


De gauche à droite Howard Hawks, Leigh Brackett, une dame dont le nom n'est pas cité, Lauren Bacall, Humphrey Bogart, et un monsieur dont le nom n'est pas mentionné. Sur le tournage du film Le Grand SommeilPhoto Wolf Tracer, 1946


          Bien que ses jeunes années aient été les plus productives, Leigh Brackett n'a jamais cessé d'écrire. Juste avant son décès, en 1978, elle remet à George Lucas la première ébauche de scénario pour L'Empire contre-attaque. Les versions ultérieures ont été réécrites par Lawrence Kasdan et George Lucas lui-même, mais Leigh Brackett reste créditée en tant que co-scénariste de cet immense succès cinématographique.



          Vous ne connaissiez pas Leigh Brackett ? En fait, si, vous la connaissiez certainement sans le savoir. C’est une figure très importante de la science-fiction. Retenez bien le nom de cette femme. Leigh Brackett continue à exercer son influence, et on retrouve son empreinte, aujourd’hui encore, dans les œuvres les plus récentes de la culture populaire.

          Bonne lecture !



Un avis fort différent, et tout à fait passionnant, à lire sur l'excellent "Lorhkan et les mauvais genres" ► ICI


2 commentaires:

  1. J'en veux d'autres, plein d'autres
    (Et des chouettes que tu as aimés !)

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    Réponses
    1. Merci LSG, tu vas être servi :) J'ai fini d'écrire et je suis en train de préparer les illustrations pour le prochain article, qui sortira à une date symbolique (donc pas toute suite, patience). Je ne l'ai pas aimé, j'ai littéralement adoré :) Et la troisième chronique est en cours de rédaction. C'est un peu plus classique (enfin, à voir...), mais c'est écrit par une des plus grandes autrices de la SF féminine et des "littératures de l'imaginaire" :)

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